A la découverte de l’histoire passée et présente de Bibracte, un site archéologique européen majeur en Bourgogne
Bibracte est un site archéologique français situé en Bourgogne. Établie sur le mont Beuvray, cette ville fut la capitale des Éduens, peuple gaulois qui vécut à la fin de l'âge du fer et au début de l'époque romaine. Quelques décennies après la conquête romaine lors de la Guerre des Gaules, Bibracte est abandonnée par ses habitants qui rejoignent Autun, la nouvelle capitale construite par l'administration romaine à 20 km de là.
Bibracte est restée intacte sous la forêt avant d’être découverte par des archéologues au XIXe siècle. Délaissée à nouveau après 1914, elle est réanimée depuis 1894 avec la reprise de fouilles archéologiques à grande échelle, puis la construction d’un musée et d’un centre de recherche où s’élabore l’archéologie de demain !
Un écrin forestier
Culminant à 821 mètres d’altitude, le mont Beuvray est le troisième sommet du Morvan, un massif de petites montagnes, situé en Bourgogne.
Les prairies au sommet du mont Beuvray étaient occupées par des pâtures jusqu’au XIXe siècle. Les limites de l’espace pastoral et agraire se devinent encore par les alignements de queules, arbres aux formes tourmentées, vestiges d’anciennes haies plessées. La vue qui s’offre depuis le sommet en fait aujourd’hui un but de randonnée particulièrement apprécié.
A l’exception de quelques clairières, le mont est aujourd’hui totalement boisé et sa hêtraie majestueuse contribue fortement à la valeur patrimoniale des lieux.
En raison de l’importance de ses vestiges archéologiques et de la qualité de son paysage, le mont Beuvray bénéficie d’une double protection au titre du patrimoine culturel (Monument historique) et naturel (Site classé). Il bénéficie depuis 2008 du label Grand Site de France, label exigeant qui consacre la qualité de la gestion durable du site.
La ville retrouvée
Lorsque l'empereur Napoléon III souhaite écrire une Histoire de Jules César, des recherches sont entreprises pour localiser Alésia, Gergovie et Bibracte, places fortes gauloises ayant joué un rôle majeur lors de la Guerre des Gaules. Bibracte est de fait mentionnée dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules comme la ville principale d’un peuple celtique de grande importance, les Eduens.
Cependant, sa localisation précise s’était perdue au fil du temps et, dès de la Renaissance, les érudits s’interrogent sur son emplacement : le mont Beuvray ou Autun ? Les deux emplacements se trouvent juste au-dessus du mot « AEDUI » sur la carte ci-dessous.
L’exploration archéologique de longue haleine conduite à partir de 1865 et pendant plus de trois décennies par l’érudit local Jacques-Gabriel Bulliot démontrèrent très vite que Bibracte et le mont Beuvray ne faisaient qu’un.
Son successeur Joseph Déchelette, qui fut un des pères de l’archéologie protohistorique européenne, reprit la direction des opérations au tournant du XXe siècle. Observant que les vestiges retrouvés sur le mont Beuvray se retrouvaient, identiques, en Bavière, en Hongrie, en Bohême, il réalisa que Bibracte était le point d'émergence d'un phénomène urbain d'ampleur européenne.
Cependant, les fouilles s'arrêtent après la mort de Joseph Déchelette en 1914 et Bibracte retombe peu à peu dans l'oubli. Ce n‘est qu’en 1984 qu’un un vaste programme de recherches, conçu en collaboration avec des chercheurs de l’Europe entière, est relancé sous l’impulsion du président de la République, François Mitterrand.
L’ensemble des fouilles menées depuis le XIXe siècle a pleinement révélé l’importance de Bibracte, une véritable ville. En tant qu’oppidum, son cadre urbain est d’abord constitué de deux remparts : le premier, de la seconde moitié du IIe siècle avant notre ère, long de 7 km, a rapidement été remplacé par un second de 5,2 km. Leurs portes sont liées au système viaire organisé autour d’une artère principale et de rues secondaires qui distribuent des espaces publics, des ateliers et de nombreuses maisons. Les techniques, plans et décors des constructions révèlent une romanisation précoce, dès le lendemain de la guerre des Gaules, en particulier au travers un ensemble monumental interprété comme un forum et des domus de plan typique de l’Italie romaine.
Des objets et des hommes
Outre la mise au jour du cadre urbain, des centaines de milliers d’objets ont été découverts sur le site depuis le XIXe siècle.
Ceux issus des premières fouilles sont aujourd’hui répartis entre le musée Rolin d’Autun et le musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye, tandis que les plus récents sont conservés dans les réserves du Centre archéologique.
Près de 2000 d’entre eux sont exposés au musée de Bibracte. Étudiés et restaurés par divers spécialistes, ils sont un témoignage irremplaçable de la vie de l’oppidum.
Les nombreux objets de la vie quotidienne y illustrent, entre autres, la façon de préparer les aliments, par exemple au travers les nombreuses meules rotatives à bras dont chaque foyer possédait un exemplaire.
Le soin apporté par les habitants de Bibracte à leurs apparences se manifeste au travers la variété des objets de parure, les fibules (broches pour attacher les vêtements) sont particulièrement nombreuses et rendent compte également d’un savoir-faire spécifique aux artisans de l’oppidum. Si les amphores à vin (récipients de stockage à deux anses) sont le principal produit d’importation, d’autres plus rares, comme l’ambre ou les pigments, laissent entrevoir des circuits d’échange plus complexes et étendus. Enfin, quelques objets comme des styles à écrire, des armes et des objets de luxe renseignent sur la présence d’une élite, tandis que d’autres, comme une tête sculptée, des dédicaces religieuses et ex-voto relèvent de pratiques religieuses elles aussi en voie de romanisation.
Bibracte aujourd’hui
Le centre archéologique européen adossé au site accueille les chercheurs et les étudiants venus participer à l’exploration du mont Beuvray ou profiter de sa très riche bibliothèque. Au fil des années, il est devenu un lieu d’expérimentation de nouvelles techniques au service de l’archéologie, notamment dans le domaine du numérique. Sur un autre versant, le musée de Bibracte, avec 50.000 visiteurs par an, est un lieu sans comparaison pour découvrir un chapitre méconnu de l'Histoire européenne et se familiariser aux méthodes de l’archéologie.
Le projet EUreka 3D permet de numériser en trois dimensions les plus représentatifs des objets découverts à Bibracte en vue de les partager sur Europeana.
Ce blog fait partie du projet EUreka3D, qui vise à renforcer les capacités du petit patrimoine culturel institutions dans la transformation numérique, notamment sur les questions liées à la numérisation 3D.