Histoire

Les confinements de Napoléon

Découvrez l'histoire de Napoléon Bonaparte et ses nombreuses étapes d'isolement.

par
Kévin Petroni (s'ouvre dans une nouvelle fenêtre) (Destination Napoleon, Cultural Route of the Council of Europe)

Un vol d’aigle, d’île en île, jusqu’aux sommets arides des collines de Sainte-Hélène. Tout au long de sa vie, il a connu des confinements – physiques et sociaux.

La Corse

Né en Corse en 1769, et parti dès ses dix ans, il y retournera durant la Révolution en 1786. Il tentera de rallier la Corse à la France, lors d’une sorte de rébellion ratée, qui le conduira à se sentir seul et isolé dans son propre pays. Il fuira alors l’île pour Paris, pour se tourner vers cette France qu’il haïssait.  

Door of the Brienne college, 1780, August -Jacques Régnier, Bibliothèque nationale de France, No copyright- other known legal restrictions

Autun et Brienne

En Janvier 1779, Napoléon est envoyé à Autun afin de débuter son éducation. Au collège, il apprend le français. Lui qui ne parle que le Corse est l’objet de xénophobie. Ses camarades tournent en dérision ce garçon à peine français qui, avec son frère Joseph, ne partagent aucune de leurs mœurs.

Il entre à Brienne en Mai 1779 pour débuter sa formation militaire, mais sa situation ne s’améliore pas. A cette époque, Napoléon est farouchement un nationaliste Corse. Dans sa correspondance, il demande à son père de lui transmettre L’Histoire de la Corse de Boswell. Il envisage d’écrire sa propre description de l’île, et ne cesse de reprocher aux Français la soumission de sa patrie.

Paris

Avant de devenir le siège du pouvoir en 1804, Napoléon désigna Paris la capitale de sa douleur. Cette distance qui le coupe des siens et de sa patrie obsède le jeune Bonaparte.

Paris incarnera, comme s’amuse à citer le philosophe Emil Cioran, “un manteau de plomb” qui le prive d’une vie simple et bourgeoise à laquelle l’empereur rêve durant les périodes de crise, tout en sachant pertinemment que ce type d’existence ne lui conviendrait pas.

L’île d’Elbe

Le 4 mai 1814, Napoléon débarque à Porto-Ferrajo, à l’Île d’Elbe. Il est troublé par la mort de Joséphine, le 29 mai, l’attente de son épouse Marie-Louise et de son fils, qui ne viendront jamais, puis la visite très courte de la princesse Walewska et de son autre enfant.

De plus, sa présence, à quelques kilomètres de l’Italie et de la France, inquiète particulièrement les Anglais et Louis XVIII, qui réfléchissent à l’idée d’exiler Napoléon dans une petite île de l’Atlantique, afin d’éviter son retour au pouvoir.

Sainte Hélène

Pendant le voyage de la France vers Sainte-Hélène, à bord de deux bateaux, le Bellerophon and Northumberland, Napoléon commence à travailler sur ses mémoires, le Mémorial, avec l’auteur Emmanuel, Comte de Las Cases. Cet ouvrage deviendra la référence de son exil à Sainte-Hélène.

La dernière demeure de l’empereur est aussi celle de son confinement le plus long et le plus douloureux (16 Octobre 1815 – 5 Mai 1821, date de sa mort). A la fin de sa vie, c’est un Napoléon déchu et affaibli par la maladie, incapable de se lever de son lit, passant des heures à lire et à dormir, qui s’essouffle lentement. Jamais un tel exil et un tel confinement ne seront devenus tellement légendaires.

Sainte-Hélène, c’est l’éloignement nécessaire qui permit à Napoléon de fonder autour de sa personne la part de mystère et de souffrance qui l’éleva au niveau d’un dieu.

Écrit par Kévin Petroni et Destination Napoleon, Itinéraire culturel du Conseil de l'Europe